Les "yips" : ces tremblements qui font trembler les champions.
- Olivier Raynal
- 30 sept.
- 3 min de lecture

(Regardez cette courte vidéo avant de lire - Masters 2016, Ernie Els sur le reen du #1)
Le spectateur non golfeur rigole en se disant : “Mais qu’est-ce qu’il fout ?”. Le golfeur occasionnel lâche un : “Franchement, il est nul, moi je les rentre ces putts !”. Et ceux qui savent vraiment… eux, ils se taisent. Parce qu’ils redoutent que ça leur arrive un jour : les yips.
C’est quoi exactement ?
Les yips sont des contractions musculaires incontrôlées qui surviennent pile au moment de l’impact. En une fraction de seconde, tout s’effondre : le geste se crispe, la balle s’échappe, et le putt est raté.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas un phénomène réservé au golf. On retrouve les yips chez les joueurs de fléchettes, les archers, les lanceurs de baseball, et même chez les musiciens.
Bref, partout où précision, répétition et motricité fine sont mises à l’épreuve.
En résumé : un mélange explosif entre blocage mental et trouble moteur.
Comment ça commence ?
Tout part souvent d’un petit raté sans importance : un putt court manqué, un chip simple mal exécuté. Mais ces erreurs laissent une trace. Peu à peu, la peur de rater s’installe. Et plus on veut bien faire, plus on focusse sur le résultat, plus on bloque !
C’est le cercle vicieux erreur → stress → erreur→etc...
Avec le temps, cette dimension psychologique peut se transformer en dystonie focale, un vrai trouble neurologique. Les muscles responsables du geste se “déprogramment” et se mettent à produire des mouvements parasites, même sans pression particulière.
Pourquoi ça arrive ?
Deux grandes causes qui se combinent souvent :
une répétition excessive du même geste (usure neuromusculaire),
le stress ou l’anxiété de performance. (À noter que ces yips apparaissent uniquement au moment de jouer la balle, jamais lors des coups d’essai.)
Bonne nouvelle : ça se soigne !
Ernie Els, Sergio Garcia, Bernhard Langer et bien d'autres, ont été victimes de yips, parfois très sévères. Et pourtant, ils ont continué à gagner au plus haut niveau.
Donc oui : ça se soigne ! Mais la durée varie selon les joueurs et la nature du problème.
Comment s’en sortir ?
Reconnaître et accepter qu'il y a un beug ! Rien ne bougera tant qu’on ne reconnaitra pas qu’il y a un problème (qui s'appelle "yips").
Identifier la zone touchée. Les yips frappent souvent les mains, les poignets ou les doigts, mais ils peuvent aussi se traduire par un blocage d'autres parties du corps.
Agir sur deux fronts
Mental : modifier la routine dans les gestes et le timing, changer ses pensées, se concentrer sur le processus plutôt que sur le résultat,...
Technique : modifier le grip, la posture, voire repenser entièrement la façon d’aborder le coup.
Et surtout, entrainer/valider les éléments de la remédiation sous pression.
Petit test d’auto-évaluation (rapide & non médical)
Répondez par Oui ou Non :
Mes yips apparaissent surtout en compétition ou sur des putts importants ?
Quand je m’entraîne seul et détendu, mes putts sont fluides ?
La relaxation (respiration, visualisation, routines) améliore mes putts ?
Ils varient selon ma confiance ou mon humeur ?
Mes mains/poignets ne se bloquent jamais dans d’autres activités ?
Interprétation rapide :
Majorité de Oui → yips surtout psychologiques.
Majorité de Non → yips plutôt neurologiques (dystonie focale).
Mélange de Oui/Non → forme mixte, la plus fréquente.
Attention : ce test reste indicatif. Seul un médecin du sport ou un neurologue peut confirmer une dystonie focale.
À retenir
Si les yips disparaissent quand vous êtes seul et détendu → cause surtout psychologique.
Si le blocage reste présent en toutes circonstances → possible trouble neurologique.
Dans tous les cas, un coach expérimenté, connaissant le phénomène peut aider à diagnostiquer et mettre en place une stratégie de remédiation.
Les yips sont un cauchemar, mais pas une fatalité. Avec patience, travail et les bons ajustements, il est tout à fait possible de les dépasser et de retrouver confiance sur les greens.






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